Pourquoi j'ai voté contre la participation de la Région IDF au TGV Est ?
Publié le 9 Octobre 2009
Le groupe des élu/es Verts s'est prononcé contre cette décision.
Bien entendu, il ne s'agit pas de remettre en cause la pertinence des liaisons TGV qui permettent un report modal depuis l'avion !
Mais simplement, ici il s'agit d'investir au total deux milliards d'euros pour gagner une demie-heure sur la liaison existante. Aujourd'hui Paris Strasbourg = 2 h 20 de trajet.
Et l'Etat, pas gonflé, de solliciter les collectivités territoriales pour co financer !!!!
Du temps où régions et Etat travaillaient à peu près bien ensemble, on croisait les financements, je te donne pour le TGV, tu me donnes pour mes TER, mes trams etc. Depuis quelques années, l'Etat s'est complètement désengagé des transports en commun régionaux.
Et puis, il y a la vallée de la Zorn. Petite vallée alsacienne qui va être remblayée pour que le TGV passe. 7 hectares aujourd'hui inondables remblayés. Des couples de courlis cendrés, espèce remarquable, y nichent.
Plus loin, c'est une nouvelle atteinte au grand hamster, espèce en voie de disparition, que l'on va déranger.
Le texte de mon intervention :
Conseil régional des 8 et 9 octobre 2009
Participation de la région au financement
de la seconde phase de la LGV Est européenne
Explication de vote de Catherine Candelier
Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président, mes cher/es collègues,
Il nous est proposé aujourd’hui de nous engager dans le financement de la 2ème phase de la Ligne à Grande Vitesse Est.
Cette 2ème phase consiste en la création d’une ligne nouvelle de 106 km pour gagner une demi-heure sur un Paris-Strasbourg (qui prend aujourd’hui 2h20) et cela pour plus de 2 milliards d’euros. Cela nous semble un peu cher de la minute !
Nous pensons qu’il est temps aujourd’hui de recentrer les crédits des collectivités sur les transports régionaux, plutôt que sur la grande vitesse, d’autant plus que le fret ne pourra pas rouler sur cette infrastructure.
La grande vitesse doit être financée par l’Etat. L’Etat qui se désengage du financement des transports régionaux alors qu’il nous demande de contribuer à ces projets d’intérêt national.
Les besoins ne sont plus là ! Le TGV ce sont 300 000 voyageurs par jour. Par comparaison, le RER A ce sont 1 million de voyageurs jour, les RER B, C et D ce sont plus de 500 000 voyageurs jour qui aimeraient bien aussi ne pas perdre des dizaines de minutes dans leur trajet quotidien.
L’impact budgétaire de ce projet est de 49 millions pour l’Ile-de-France, mais il est beaucoup plus élevé pour les autres régions traversées, la Lorraine et l’Alsace. Prenons l’Alsace, la Région est sollicitée à hauteur de 95 millions, la communauté urbaine de Strasbourg 52 millions, le Bas-Rhin 59 millions et les autres collectivités 30 millions, on arrive ainsi à plus de 235 millions qui se reporteront sur les contribuables alsaciens !
Enfin, cette nouvelle infrastructure a des impacts environnementaux très importants. Ce sont au total plus de 7 hectares de zones inondables qui vont être comblés dans la vallée de la Zorn.
La Zorn, chers collègues, est une rivière du Nord de l'Alsace, affluent droit de la Moder et sous-affluent du Rhin.
Par ailleurs nichent, dans la vallée de la Zorn, 15 couples de courlis cendrés qui est une espèce remarquable et symbolique des rieds alsaciens. Le projet de TGV Est aura une incidence sur 2 de ces couples soit 13 % de l’effectif.
Plus près de Strasbourg enfin, la ligne va se poser en barrière pour les populations de grands hamsters qui vivent à l'ouest et au nord de l'agglomération. La Commission européenne a d’ailleurs décidé en juin de poursuivre la France devant la Cour de justice européenne pour son inertie dans le dossier du grand hamster d'Alsace, une espèce protégée, en voie d'extinction.
Et comme en Ile-de-France, nous savons que RFF – dans le cadre du projet Massy-Valenton – n’est pas à la pointe de la protection de l’environnement, nous ne lui faisons pas a priori confiance pour la préservation de la biodiversité en Alsace.
Le groupe Verts votera donc contre la délibération.