Grand Paris : Santini déjà contesté

Publié le 21 Juillet 2010

Le Parisien - 21 juillet 2010


André Santini devrait devenir aujourd’hui président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris.Un choix légitime pour les uns, contestable pour les autres.
 

Président du Grand Paris, une casquette de plus pour le député-maire (Nouveau Centre) d’Issy-les-Moulineaux, également président du syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), qui, à près de 70 ans, bénéficie d’une dérogation à la limite d’âge pourtant fixée à 65 ans par la loi de 1984 pour les membres de la fonction publique et du secteur public.

« André Santini connaît bien les problèmes d’urbanisme et d’aménagement. C’est un maire bâtisseur qui a transformé en profondeur la ville qu’il a prise aux communistes. Il fait autorité et incarne le consensus », souligne Philippe Pemezec, maire du Plessis-Robinson et patron de l’UMP des Hauts-de-Seine. Frédéric Lefèbvre, suppléant du maire d’Issy à l’Assemblée Nationale, va dans le même sens: « C’est une chance pour le Grand Paris de bénéficier de l’énergie d’un bâtisseur respecté à droite comme à gauche, tel qu’André Santini. » Mais les opposants à cette désignation sont aussi nombreux, certains dénonçant une fois de plus « le fait du prince ». « On retrouve là le système clanique qui fonctionne depuis longtemps au profit des amis de Sarkozy dans les Hauts-de-Seine, et se retrouve désormais au niveau national », critique Philippe Kaltenbach, maire (PS) de Clamart et vice-président du conseil régional. Gilles Catoire, maire (PS) de Clichy-la-Garenne, se dit quant à lui « surpris que l’Association des maires d’Ile-de-France n’ait pas été consultée pour désigner un représentant des maires dans l’association du Grand Paris. Ce choix est un défi au suffrage, puisque André Santini n’a eu la majorité ni dans sa ville ni dans les Hauts-de-Seine aux dernières élections régionales. » A droite aussi, certains évoquent une « erreur stratégique ». « On va encore dire que le clan Sarkozy veut tout rafler. Ce n’est pas bon, surtout en ce moment, il aurait fallu quelqu’un de plus neutre », soupire un élu UMP des Hauts-de-Seine sous couvert d’anonymat. Un autre insiste : « L’image des Hauts-de-Seine est liée aux affaires et à l’argent. La nomination à la tête du Grand Paris d’un élu renvoyé en correctionnelle pour détournements de fonds présumés dans le cadre de l’affaire Hamon n’est pas de nature à améliorer cette image. »

Un fin stratège

Patrick Devedjian qui, en tant que président du conseil général des Hauts-de-Seine, siégera également au conseil de surveillance du Grand Paris, n’a pas souhaité commenter la probable désignation d’André Santini comme président. Il y a un an, ce dernier, qui venait d’avoir 65 ans, n’avait pu bénéficier de la dérogation à la limite d’âge pour rester président de l’Etablissement public d’aménagement de La Défense. Il est vrai qu’à l’époque un certain Jean Sarkozy briguait le poste. Beaucoup jugent qu’André Santini devrait aujourd’hui lever le pied. Pas lui. Un malaise cardiaque en Chine il y a trois ans, alors qu’il était encore secrétaire d’Etat, n’a rien changé à l’appétit de pouvoir de celui qui a fêté ses 30 ans de mandat de maire d’Issy l’an dernier. Derrière ses traits d’humour et son allure bonhomme se cache en fait un homme autoritaire qui supporte difficilement la contradiction. Et ce fin stratège garde une forte influence. Alors Santini à la tête du Grand Paris, ce pourrait être aussi une façon de neutraliser ce vieux briscard de la politique. Le mandat du président du conseil de surveillance est de cinq ans, renouvelable… « Aujourd’hui Santini ne peut pas espérer tellement mieux, analyse un connaisseur de la scène politique des Hauts-de-Seine. Il sera parfait à ce poste et ne menacera personne. »


Rédigé par Catherine Candelier

Publié dans #Région

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