Monsieur le Président, je vous fais une lettre….

Publié le 28 Novembre 2015

Monsieur le Président, je vous fais une lettre….

(que vous lirez peut être, si vous avez le temps)

François – je me permets de te tutoyer, c’est plus simple et plus direct- nous avons souffert toi et moi le 13 novembre dernier, comme nous avons souffert en janvier. Touchés, blessés, tristes –ô combien tristes- de ces victimes d’un terrorisme aveugle, imbécile et impardonnable.

L’état d’urgence des premières heures, je l’ai compris. Il fallait sécuriser le pays, arrêter la menace.

L’état d’urgence prolongé, je l’ai compris aussi, parce que la menace semble présente encore. Je ne suis pas bisounours.

Difficile déjà pour une militante écolo d’accepter les dérogations au droit commun, les privations de liberté, le discours sécuritaire ambiant.

Ces dernières heures, j’ai de plus en plus de mal à comprendre, de plus en plus de mal à admettre que sous prétexte de menaces terroristes, on interdise des manifestations pacifiques pour la Cop 21, on assigne à résidence des militants associatifs que l’on amalgame à des djihadistes.

Mais je tremble à l’idée que si l’on arrive à médiatiser ces dérapages-là, combien d’autres sont commis en silence au nom d’un état qui n’a plus tout à fait le sens du droit, des droits….Combien de contrôles d’identité au faciès ? Combien d’étrangers en situation irrégulière choppés au détour d’un contrôle au nom de l’état d’urgence ?

La France, mon pays, a écrit au conseil de l’Europe pour l’avertir que nous pourrions sortir de la charte européenne des Droits de l’Homme. Avons-nous besoin de ne pas respecter les Droits de l’Homme pour mettre fin au terrorisme ?

François, je veux bien que tu me protèges, c’est le rôle de l’Etat. Mais je ne veux pas que tu le fasses en privant des gens de leur droit d’expression. Je ne veux pas que tu le fasses en profitant de la peur, de l’angoisse pour t’acharner sur les plus faibles, sur celles et ceux qui n’ont déjà que peu de droits, sur celles et ceux qui ont fui leur pays parce qu’ils y risquaient la mort. Nous sommes victimes du terrorisme, elles et eux aussi. Ils crèvent à notre porte et nous ne faisons rien, nous détournons notre regard.

La France, liberté, égalité, fraternité. Que mets-tu sous ces mots-là, camarade socialiste ?

La France, pays des Droits de l’Homme, chiche camarade ! Appliquons-les maintenant, tout de suite et s’il-te-plaît arrête les excès, empêche les bavures…ou assigne-moi à résidence moi aussi.

Rédigé par Catherine Candelier

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